Emmanuelle Arsan
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L’Emmanuelle que j’ai rêvée avait les cheveux longs. Le geste qui continue de la faire vivre dans la fidélité de mon imagination est le brusque cambrement de sa nuque qui chassait cette crinière noire de devant son visage et en fouettait l’air, comme la pouliche indocile qu’elle était. Un autre soubresaut de son corps souvent nu ramenait parfois sur ses seins ce rideau d’ombre, non pour se cacher, mais pour varier l’éclairage de sa beauté. Telle était mon Emmanuelle, celle que je ne pouvais voir que les yeux fermés. Un film me fait ouvrir les yeux, aujourd’hui, sur une Emmanuelle différente et qui ne me laissera plus jamais seule avec l’invisible vision que je m’étais souverainement inventée. |